Marais salants de l'embouchure de la Charente

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Île-d'Aix

Des découvertes archéologiques montrent que la production de sel à l'époque gauloise se faisait par évaporation de l'eau salée contenue dans des récipients d'argile au-dessus de foyers. Des sites à sel caractérisés par des vestiges liés à l'utilisation de cette technique ont été mis au jour à Saint-Laurent-de-la-Prée et à Port-des-Barques (Ile-Madame, Piédemont). De tels sites existent aussi dans des endroits désormais éloignés du rivage (Tonnay-Charente, Muron, Genouillé...).

L'aménagement de marais sur la côte Atlantique pour une production de sel par la seule évaporation au soleil semble avoir été importé par les Romains. Pour les marais situés à l'embouchure de la Charente, il faut attendre la deuxième moitié du 11e siècle (entre 1047 et 1066) pour trouver la première mention d'un marais salant dans un acte de donation d'une saline près de Soubise à l’abbaye Notre-Dame de Saintes. Les rives de Charente se trouvent à l'extrémité nord et à l'écart des marais de Brouage, grands producteurs de sels, et les salines semblent y être assez peu présentes, sans doute en raison d'un taux de concentration en sel insuffisant des eaux de l'estuaire.

Au 15e siècle, des sources écrites montrent que des marais salants, situés en Saintonge dans la seigneurie de Soubise, notamment à Saint-Nazaire-sur-Charente, avaient été délaissés vraisemblablement en raison de la Guerre de Cent ans. Leurs tenanciers font alors en sorte de les remettre en état. Dans sa thèse sur les marais salants en Aunis et Saintonge jusqu'en 1789, Alice Drouin mentionne ainsi qu'en 1431, Guy l'Archevêque, seigneur de Soubise, baille à Pierre Bourdeau un marais gât (ancien marais salant abandonné) pour le remettre en état "de saulner et saller." Ce marais en mauvais état est constitué de "jatz, conches, vivres, bossioux, mesteres..." En 1482, Jehan l'Archevêque baille "une prinse [prise] de maroys et terre salée pour mettre et convertir en maroys sallants" en la paroisse de Saint-Nazaire, non loin du chenal de Lupin. Un état de la principauté de Soubise en 1699 mentionne la présence de quelques "marois sallans et gaz" dans la paroisse de Saint-Nazaire, mais aucun dans celle de Soubise. Auguste Mageau pensait qu'il s'étendait autrefois à Lupin "une vaste saline de 5 à 600 livres de marais " (290 à 3000 ares) qui aurait disparu au 14e ou 15e siècle, remplacée par un marais en raison de l'accumulation des vases charriées par la Charente. Cette disparition a peut-être eu lieu plus tardivement.

Quant à la rive dépendant de l'élection de La Rochelle en Aunis, le mémoire dressé par l'intendant Bégon en 1698 y mentionne une production de sel pour les paroisses de Fouras et de Saint-Laurent-de-la-Prée. Ce n'est d'ailleurs qu'ici, pour le territoire qui nous intéresse, que sont mentionnés des marais salants sur la carte de l'embouchure de la Charente dressée par Claude Masse au début du 18e siècle, au nord et à l'est du fort de la Pointe ; la forme régulière des bassins très allongés attesterait un aménagement durant la période moderne. A eux s'ajoutent des salines situées au nord du bourg de l'île-d'Aix sur les cartes levées à la limite des 17e et 18e siècles. Les archives confirment que des sauniers sont domiciliés au Soumard et aux Cabanes, à Fouras, dans le courant du 18e siècle. Cependant, le mémoire de Bégon souligne que le tiers des anciens marais salants a été abandonné en raison de la concurrence des salines de Bretagne.

Auguste Mageau affirme plus tard que, à l'époque de la levée de l'ancien cadastre, les marais salants de Soubise s'étendaient encore sur 22 hectares et ceux de Saint-Nazaire sur 36 hectares. Il complète en notant que, en 1900, les deux communes ne possédaient plus aucun marais de ce type. Un plan des marais de Fouras, daté de 1869, porte la mention "anciens marais salants", ce qui montre qu'ils ne sont alors plus exploités. Leur reconversion s'est généralement faite en faveur de pâturages pour l'élevage bovin.

La saliculture a été abandonnée au profit d’un marais ostréicole dans l'île d'Aix ou agricole à Fouras et Saint-Nazaire-sur-Charente. A contre-courant de l'évolution, un marais salant a été créé en 1996 dans l'Ile-Madame, à Port-des-Barques.

Périodes

Principale : Moyen Age, Temps modernes, Epoque contemporaine

Sarah Réault-Mille caractérise le paysage actuel offert par les anciens marais salants comme un "paysage fossile". Il en subsiste en effet les traces très ténues des réservoirs (jars ou vasais), des bassins de concentration (conches, tables, muants) ou de récolte (aires saunantes), séparés par des bosses, formées par les vases dégagées des bassins, et des chenaux désormais fermés par la sédimentation.

C'est la qualité imperméable du sol, fait d'argile dite bri, qui a permis d'aménager les différents bassins permettant l'évaporation progressive de l'eau et la cristallisation du sel, un kilo de ce dernier résultant de l'évaporation de près de 26 litres d'eau de mer. L'exploitation salicole se décompose en deux phases. La première est celle de préparation au printemps pour évacuer la vase accumulée durant l'hiver et restaurer les bassins altérés. La deuxième est celle de la récolte en été. Cette exploitation exige le parfait contrôle de la circulation de l'eau qui s'écoule lentement, par gravité, d'un bassin à l'autre et à l'intérieur d'un même bassin. Sur les buttes se pratiquaient une culture de céréales et de légumineuses.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Île-d'Aix

Milieu d'implantation: isolé

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Fouras

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